Clément Bessaguet, l’or dans le viseur

Immobile. Son corps est comme figé. Le visage fermé. Il se tient parfaitement droit, les jambes légèrement écartées. Le regard fixe. Soudain, il tend son bras, lentement, à l’horizontale. La lumière verte s’allume sur la cible. La détonation résonne. A peine une seconde plus tard, une deuxième. Le pistolet bouge légèrement de droite à gauche. A peine visible à l’oeil nu. Troisième détonation, quatrième puis cinquième. Il suffit d’un battement de coeur un peu fort, d’un infime mouvement du bras superflu pour que la trajectoire dévie d’un millimètre. Et c’est déjà trop tard.

Clément Bessaguet baisse son arme. Ces séquences, il les a répétées des centaines, des milliers de fois depuis qu’il a découvert le tir sportif à 15 ans, la mort dans l’âme parce qu’une douleur passagère aux genoux l’oblige à arrêter le foot. Plus de foot mais un coup de foudre. Pour le pistolet et le tir à 25 mètres. A 33 ans, Clément Bessaguet est aujourd’hui numéro 1 au classement mondial avec un palmarès d'exception. Sa discipline s’appelle précisément la « vitesse olympique », nom officiel du tir à 25 mètres chez les hommes.
Le principe ? Douze séries de cinq tirs dans cinq cibles différentes et dans un temps toujours plus court : 8 puis 6 puis 4 secondes. Pour les observateurs, Clément Bessaguet est programmé pour obtenir une médaille et sûrement la plus belle aux Jeux de Paris. Une pression qui n’effraie pas le Montpelliérain d’origine qui s’entraîne sur les hauteurs de Marseille. « Tout le monde m’attend ? J’assume. Je préfère que les observateurs disent de moi que je dois remporter une médaille plutôt qu’ils disent de moi que je suis nul et que je vais faire dernier... », sourit-il malicieusement.

Un monstre mental

Car Clément Bessaguet ne vibre que pour elles : la pression, la compétition, l’adrénaline de la victoire. Plus jeune, son goût pour la gagne était même un peu pesant. Un jeu de société, un tennis avec papa, un pari sur le dénouement d’un film. Il fallait qu’il gagne et quand c’était le cas, il le faisait savoir ! « Je me suis calmé. En revanche, je ne tiens pas en place avant une compétition. A peine rentré de l’une, je trépigne d’impatience avant la suivante. Toujours pressé d’aller au combat ! »
Clément est l'un des derniers à rejoindre le Team Athlètes (décembre 2023), il bénéficie du soutien de France Travail dans le cadre d'un contrat de droit à l'image. Reconnu pour sa détermination exceptionnelle, il incarne une force mentale remarquable dans ses performances sportives. Capable de plonger dans un livre à quelques mètres d’un stade où se déroule un match de foot sous les cris des supporters en délire. « Quand je suis focus, rien ne peut me perturber. Souvent, mon coach me place en situation d’inconfort en pleine séance d’entraînement. Alors que tout se joue à quelques millimètres et au moindre « bougé », il me balance des boîtes de cartouche vides sur la tête, met la musique à tue-tête ou fin grincer les chaises sur le sol en béton. »
Chez Clément Bessaguet, il n’y a pas que le mental qui est énorme, hors norme. Il est noté 12/10 aux deux yeux ! Une acuité visuelle bien au-delà de la moyenne. Digne des pilotes de chasse. Justement, Clément est en chasse. La prochaine cible ? Comme une évidence…

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